Zappez donc sur
M6 : toutes les teenages-productions, de
Smallville à Roswell et autres séries de
science-fiction, présentent la potentialité
extraterrestre comme humaine et pacifiste ; Et
bien, SpaceShitters Arena renverse la balance, et
met enfin en scène des bestiaux intergalactiques
comme on les aime : laids, vicieux et sadiques.
Ces SpaceShitters (comprenez : merdeux de
l'espace) se foutront joyeusement sur la tête,
pour le plus grande joie des joueurs, et de votre
testeur qui vous présente aujourd'hui cette
nouvelle 3D-production de Patrice.
On reconnaît à Patrice trois
genres dans lesquels il a particulièrement sévi
: en plus d'être un des seuls à oser s'aventurer
aux jeux de stratégie temps réel, il a en outre
réalisé une série de jeux de foot connus dans
le click-monde (Les LegoSoccer, passez donc les
tester sur Dev à l'occasion) et se passionne
également pour le style qui nous interesse
aujourd'hui : le J'te Tappe Sur La Gueule-like.
SpaceShitters Arena est donc bien un jeu bourrin,
puisqu'il s'agira d'évoluer dans d'étranges
planètes d'un système solaire qui nous est
inconnu pour castagner des envahisseurs belliqueux
: Dans l'ordre en plus des humains, les Krapox,
les Zorgoids, les Schyziens (a qui on reconnaît
en outre une parenté avec un certains Schyso,
responsable de l'ambiance sonore du jeu), les
Eporkass, les Dinozor, les Trikkranx et enfin les
Katzoids.
Tout ce petit monde, pour des
raisons obscures puisque le jeu est totalement
dénué de scénario, va donc servir à Patrice de
Chair à saucisse extraterrestre, dans un concept
aussi simple qu'il se revelera efficace : après
avoir choisi votre combattant,le nombre d'ennemis
que vous affronterez et l'arène du massacre, vous
vous retrouverez dans un monde dont les décors
seront aléatoirement générés, et où il
s'agira d'user d'armes étranges pour anéantir le
reste des personnes présentes sur la surface de
la planète : ceux-ci en outre ne s'affronteront
pas entre eux ; Il ne s'agit pas d'une mélée,
mais bien d'une chasse à l'Homme -ou plutôt à
l'inhumain- puisqu'ils seront tous là pour vous
faire la peau, ce qui justifie le titre du jeu :
vos adversaires, en plus d'être lâches et
teigneux, se révèleront d'une vulgarité
délicieusement comique, vous traitant une fois de
déjection putride de phoque cancéreux, une autre
fois de pathétique sous-merde intergalactique.
Sympa, non ?
Bon, tout ça semble
réellement, et à juste titre, basique : il est
vrai qu'il s'agit d'une progression totalement
linéaire, puisque vous gagnerez des points à
chaque ennemi tué, qu'en fonction de ces points
vous débloquerez de nouvelles arènes, et qu'en
outre le gameplay se limite à reprendre des
munitions et à les utiliser sur vos cibles.
Cependant, pour une fois, la sauce, même avec si
peu d'ingrédients, prend sans problème : est-ce
dû à la maniabilité nerveuse et pêchue ou à
un arsenal farfelu vraiment amusant et varié, je
ne sais pas ; Toujours est-il qu'après de
nombreuses parties, on ne s'ennuie toujours pas et
qu'on se plaît encore à retourner au combat.
la réussite d'un concept simple
tient sans-doute aussi à une réalisation de
bonne qualité. Au niveau technique, les bugs sont
interdits de séjour dans le système solaire de
l'auteur, ce qui est déjà passablement
agréable, et en outre votre personnage réagit
avec l'agilité d'un Katzoïde au moindre touché
de bouton, assurant à chaque nouvelle partie une
bonne dose de fun. Votre armement a emprunté à
Unreal Tournament son système de double tir pour
un seul engin, et cela se révèle également
judicieux, d'autant plus que chaque gun utilise
une technique d'attaque totalement différente :
vous tirerez parfois directement sur l'adversaire,
mais vous pourrez aussi utiliser des bombes pour
obtenir une large zone d'impact, vous servir d'un
blaster qui servira de mitrailleuse rotative ou
encore envoyer des salves d'insectes qui
fonctionneront comme des tirs télécommandés. Le
point noir, ou plutôt le point gris puisqu'il
s'agit d'un demi-échec, est à chercher dans l'IA
de vos adversaires : si ils ne sont pas totalement
débiles, on pourra regretter qu'ils ne
contournent pas toujours naturellement les décors
ou qu'ils ne vous attaquent pas en groupe
organisés ; Aucune notion de stratégie réelle
pour vos ennemis donc, mais ne vous fiez pas qu'à
ce commentaire, car ils vous donneront tout de
même du fil à retordre.
Si il est souvent une discipline
dans laquelle Patrice excelle, c'est dans la
réalisation graphique de ses productions : cela
se verifiera une fois encore dans SpaceShitters
Arena, presque exemplaire dans ce domaine. Les
personnages sont superbes et très richement
animés, avec un rendu 3D du meilleur effet et des
tronches à coucher dehors, et les effets
spéciaux sont un pur bonheur : j'avais récemment
dis d'un jeu anglophone qu'il possédait les plus
beaux effets de la click-création (Titan Oméga
Revelation, qui est au demeurant un mauvais jeu
quand même), et bien il vient de se faire
détrôner par Patrice, qui nous propose ici des
effets d'explosions de toute beauté, et je ne
parle même pas des nuées d'insectes plus vraies
que nature et de l'atomisation, très "caca-rismatique",
de vos ennemis. C'est beau, et cela me fait
trouver d'autant plus dommage le choix de Patrice
de générer ses levels aléatoirement : le décor
généra parfois la jouabilité, et se révèle
quand même limité, avec au maximum 3 ou 4
sprites différents par planète.
Si l'on doit souligner un
dernier point positif, c'est dans l'atmosphère
générale, autant esthétique que sonore,
totalement déjantée : vos rixes seront bercées
par des cris d'animaux divers, et des insultes
totalement débiles accompagneront les assauts
d'ennemis aux facies, je vous l'ai signalé,
particulièrement hilarants : ils sont laids, ils
ont l'air très cons, et c'est un vrai plaisir. En
sus, les musiques de fond sont de bonnes
qualités, tendance électro et bien rythmées,
elles sauront ajouter à l'ambiance une touche de
nervosité en plus.
Bref, vous l'aurez compris,
malgré quelques failles malheureusement récurrentes
dans les productions de Patrice (Le level-design bâclé
et le gameplay simpliste, qui ici fonctionne quand
même vraiment mieux que dans certaines autres de
ses créations), SpaceShitters Arena reste un jeu
qui oscille entre le bon et l'excellent : sans
vraiment être une révélation, il reste un très
bon défouloir, servi par une réalisation
graphique et technique d'un très haut niveau, qui
vous assurera de bonnes tranches de fun, avec en
plus une dérision toujours présente et qui va
bien avec le style dans lequel le jeu s'inscrit.
On attend encore, cependant, une production dans
lequel Patrice s'appliquera jusque dans les
détails qui lui font encore défauts, et où on
pourra y voir tout son potentiel créatif :
celui-là pourrait bien détrôner les plus
grands. |